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toutes élevées, et mes souvenirs, comme mon affection pour elle, remontaient aussi loin que je me souvenais de moi-même.

Sonia était ma sœur cadette.

L’hiver s’écoula pour nous, sombre et triste, dans notre vieille maison de Pokrovski. Le temps fut froid, venteux, à tel point que la neige s’était amoncelée plus haut que les fenêtres ; celles-ci étaient presque continuellement couvertes de glace et ternes, et d’un autre côté nous ne pûmes, à peu près pendant toute la saison, sortir ni nous promener nulle part.

Il était rare qu’on vint nous voir, et ceux mêmes qui nous visitaient n’apportaient ni joie ni gaieté dans notre maison. Tous avaient un visage chagrin, parlaient bas, comme s’ils eussent craint de réveiller quelqu’un, se gar-