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grisonnantes ; mais son regard attentif, profond, continuellement détourné de moi, est couvert d’un nuage. Je suis aussi toujours la même, mais il n’y a plus en moi ni amour, ni désir d’aimer. En moi plus de besoin de travail, plus de satisfaction de moi-même. Et combien m’apparaissent aujourd’hui lointains et comme impossibles mes transports religieux d’autrefois, mon ancien amour pour lui, et cette plénitude de vie que je ressentais en même temps. Je ne comprenais plus maintenant ce qui alors m’avait paru si lumineux et vrai : le bonheur de vivre pour autrui. Pourquoi pour autrui ? quand je ne voulais pas vivre pour moi-même…

J’avais complètement abandonné la musique à l’époque où j’étais allée à Pétersbourg ; mais à présent mon vieux piano, mes vieilles