sentais coupable envers lui. Mais aussi pourquoi ne pas me retenir, pourquoi dissimuler devant moi, pourquoi éviter toute explication, pourquoi m’offenser ? me demandais-je. Pourquoi n’usait-il pas avec moi du pouvoir de son amour ? Ou bien ne m’aimait-il plus ? Mais qu’il fût coupable ou non, le baiser de cet étranger n’en demeurait pas moins empreint sur ma joue, et il me semblait le ressentir encore. Plus j’approchais de Heidelberg et plus claire s’offrait à moi l’image de mon mari, plus terrible l’attente imminente du revoir. Je lui dirai tout, tout ; je noierai mes yeux des larmes du repentir, pensais-je, et il me pardonnera. Mais je ne savais pas moi-même ce qu’était ce « tout » que je lui dirais, et je n’étais pas convaincue qu’il me pardonnât.
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