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quoi, avec une hâte dévorante, je me décidai à partir le soir même par le train de Heidelberg et à rejoindre mon mari. Quand je fus assise avec ma femme de chambre dans le wagon désert, que la machine se mit en mouvement et que je respirai l’air frais par les glaces baissées, je commençai à revenir à moi et à me représenter d’une manière plus claire mon passé et mon avenir. Toute ma vie de mariage, à dater du jour de notre départ pour Pétersbourg, m’apparut soudain sous un jour nouveau et remplit ma conscience de reproches.

Pour la première fois je me rappelai vivement notre début d’existence à la campagne, mes plans ; pour la première fois cette question me vint à l’esprit : quelles ne furent pas ses joies pendant ce temps ? Et je me