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meilleures, puis me, rappelant de nouveau, et avec un effroi mélangé du sentiment de mon outrage, ce qui s’était passé. Quand, le soir, je vins au thé et qu’en présence de C., qui se trouvait chez nous, je me rencontrai avec mon mari, je compris qu’à dater de ce jour tout un abîme s’était ouvert entre nous. C. me demanda quand nous partirions. Je ne parvins pas à lui répondre.

— Mardi, répliqua mon mari, nous irons encore au raout de la comtesse R. Tu y viendras sans doute ? continua-t-il en se tournant vers moi.

Je fus effrayée du son de cette voix dont l’intonation semblait cependant tout ordinaire, et je regardai timidement mon mari. Ses yeux me fixaient en face, son regard était plein de malice et d’ironie, son accent mesuré et froid.