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glissait dans mon cœur. C’était peu pour moi de continuer à aimer après avoir éprouvé ce grand bonheur de l’aimer une première fois ; il me fallait l’agitation, le danger, le sacrifice de moi-même dans l’ordre des sentiments. Il y avait en moi une exubérance de forces qui ne trouvaient pas leur emploi dans notre tranquille existence, des élans de tristesse que je cherchais à lui cacher comme quelque chose de mal, et des élans de tendresse furieuse et de gaieté qui ne faisaient que l’effrayer. Il continuait observer encore mes dispositions d’esprit comme il l’avait fait jadis, et un jour il me proposa de partir pour la ville ; mais je lui demandai de n’y point aller et de ne rien changer à notre genre de vie, de ne point toucher à notre bonheur. Et, effectivement, j’étais heureuse ; mais je me tourmentais de