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que l’hiver survint avec ses froids et ses tourbillons, et bien qu’il fût auprès de moi, je commençai à me sentir bien seule, je commençai à sentir que la vie ne faisait en quelque sorte que se répéter, qu’elle n’offrait rien de neuf, ni pour moi, ni pour lui, et qu’au contraire c’était comme si nous revenions sans cesse sur nos pas. Il se mit à s’occuper de ses affaires plus en dehors de moi que par le passé et il me sembla de nouveau qu’il y avait en lui, tout au fond de son âme, comme un monde réservé où il ne voulait pas m’admettre. Son inaltérable sérénité m’irritait. Je ne l’aimais pas moins qu’auparavant, je n’étais pas moins qu’auparavant heureuse de son amour, mais mon amour restait stationnaire et ne grandissait plus, et, en dehors de l’amour, je ne sais quel sentiment nouveau, plein de trouble, se