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Tolstoï ne fut pas un philosophe académique, il ne faut donc pas chercher dans ses œuvres un exposé systématique de telle ou telle question. Mais la force créatrice de son travail intellectuel, de son génie, s’est concentrée sur l’application à la vie humaine des lois de la Raison dont il reconnaissait la stabilité. Il ne s’appropriait ces lois que lorsqu’il réussissait à leur donner une forme morale, à les faire partie intégrante de la vie. C’est précisément ce processus qui se révèle à nous au cours du Journal intime.

Lorsqu’il prit les notes qui entrent dans le présent volume du journal, Tolstoï, quoique âgé de 67-71 ans, était en pleine vigueur de son activité littéraire, morale et sociale, ce qui nous est démontré par la liste des œuvres qu’il a travaillées pendant ces quatre années : le roman « Résurrection », le drame « La lumière luit dans les ténèbres », la nouvelle « Hadji-Mourat », le récit « Père Serge », le drame « Cadavre vivant », le récit « le Faux coupon » et autres. Il a publié une quantité d’articles ; pour ne citer que les plus importants : « La doctrine chrétienne », « C’est honteux », « Qu’est-ce que l’art », « Comment lire l’Évangile », « L’approche de la fin », « Carthago delenda est », « Est-ce la famine ? », « Les deux guerres », etc. En outre, il a écrit un nombre considérable de lettres qui ont l’importance d’articles et qui traitent chacune de questions vitales.

Son activité sociale se manifesta dans l’organisation de secours aux affamés, dans l’aide qu’il apporta à l’émigration des Doukhobortsi et, en général, à toutes espèces de victimes des autorités russes. Il faisait une