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ment de doute, de célébrer la messe, il sentit que cela aussi allait passer. Et réellement, bientôt, il ne resta que l’habitude.

C’est durant la septième année de sa vie au monastère que l’ennui s’empara de Serge. Ayant appris tout ce qu’il avait à apprendre, et atteint tout ce qu’il devait atteindre, il ne restait plus rien.

Mais en revanche, l’état de sommeil moral grandissait de jour en jour. C’est alors qu’il apprit la mort de sa mère et le mariage de Mary, nouvelles qu’il accueillit avec indifférence. Toute son attention, tout son intérêt étaient concentrés sur sa vie intérieure.

Pendant la quatrième année de sa prêtrise, l’évêque fit montre d’une grande amabilité à son égard et le supérieur lui dit qu’il ne pouvait refuser si on lui proposait une haute situation. L’orgueil monacal, si infâme chez certains moines[1], surgit alors en lui. Il voulut refuser sa nomination dans un couvent proche de la capitale, mais le supérieur lui ordonna d’accepter. Serge, ne voulant désobéir, fit ses adieux au vieillard et rejoignit son nouveau poste.

Le passage du nouveau moine dans le couvent de la capitale fut un des grands événements de sa vie. Les tentations y étaient nombreuses et il déploya toutes ses forces pour les combattre.

La tentation féminine releva la tête. Il y avait là une femme connue par sa conduite douteuse qui commença par rechercher sa société. Elle lui parla et l’invita à venir la voir. Le refus de Serge fut sévère, mais lui-même eut peur de la précision de son désir.

  1. En Russie, les hauts postes de la hiérarchie religieuse sont ouverts uniquement au clergé régulier.