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il me semble que je ne me déciderais jamais. On me tuerait que je n’irais pas, je t’assure, oncle Doutlof.

— Quel péché, mon Dieu ! Quel péché ! répétait Doutlof pour dire quelque chose, en se demandant comment il pourrait s’esquiver au plus vite, mais la Voix de Iégor Ivanovitch l’arrêta.

— Eh là-bas ! gardien, viens ici.

— Tout de suite, Monsieur répondit Efimka.

— Qui est là, avec toi ?

— C’est l’oncle Doutlof.

— Approche aussi, Doutlof.

En s’approchant, Doutlof aperçut la figure de l’intendant ; à côté de lui se tenait un inconnu, une casquette à cocarde sur la tête.

— Le vieux ira aussi avec nous, dit Iégor Ivanovitch.

Le vieux fut pris de terreur, mais il n’osa répliquer.

— Toi, Efimka, qui es jeune, monte vite au grenier où Polikei s’est pendu, arrange l’échelle pour que Monsieur ne se fasse pas de mal.

Efimka qui, quelques minutes auparavant, avait déclaré qu’il ne monterait pour rien au monde, partit comme un trait.

Le commissaire sortit son briquet et alluma sa pipe. Il était plein de zèle parce que, deux jours auparavant, le chef de police l’avait réprimandé sévèrement pour sa passion pour le vin. Aussi, à peine arrivé, voulut-il examiner le cadavre sur les lieux.

Iégor Ivanovitch demanda à Doutlof ce qu’il faisait. Chemin faisant, le vieux raconta à l’intendant l’histoire de la lettre et de son entrevue avec Madame.