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Akoulina occupée près du four, n’entendit pas le bruit des roues de la charrette.

— Papa est arrivé, dit la petite Machka en s’élançant à la rencontre de son père.

En passant devant Akoulina qui avait déjà mis sa robe des dimanches, elle la saisit de ses petites mains sales et reçut une claque.

— Voulez-vous cesser, cria Akoulina qui ne pouvait quitter son fourneau.

Illitch entra avec ses paquets et s’assit sur le bord du lit. Il sembla à Akoulina qu’il était bien pâle, qu’il avait une drôle de figure comme s’il avait beaucoup pleuré, mais occupée de ses pains elle n’y fit pas grande attention.

— Eh bien, Illitch, tout s’est-il bien passé heureusement ?

Illitch murmura quelque chose d’inintelligible.

— Qu’est-ce que tu dis ? lui cria-t-elle ; as-tu été chez Madame ?

Illitch, assis sur le lit, souriait de son sourire triste et profondément malheureux, sans répondre aux questions de sa femme.

— Eh ! Illitch, pourquoi as-tu été si longtemps absent ? continua Akoulina.

— Moi ! Akoulina, j’ai rendu l’argent à Madame ; si tu savais comme elle m’a remercié ! dit-il en jetant un regard inquiet autour de lui.

Deux objets attiraient tout particulièrement son attention : l’enfant dans le berceau, et les cordes qui retenaient le berceau… il s’approcha et de ses doigts fins, se mit à défaire les nœuds de la corde… puis ses yeux s’arrêtèrent sur le bébé qui dormait paisiblement.