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— Merci, Polikei. Voici trois… cinq, peut-être même dix roubles.

Elle lui offrirait un verre de thé, de l’eau-de-vie. Après ce voyage, un verre de thé serait le bienvenu… Avec dix roubles, on peut acheter une paire de bottes neuves et payer sa dette à Nikita qui devient insupportable.

À cent pas devant la maison, il s’arrangea encore une fois, ôta son chapeau, posa la main sous la doublure et se mit à fouiller fiévreusement… rien ! L’enveloppe avait disparu.

Polikei, pâle comme la mort, arrêta le cheval et se mit à chercher dans le foin, dans ses poches, autour de lui… toujours rien !

— Seigneur ! qu’est-ce donc, mais qu’est-ce donc ? hurla-t-il en se prenant la tête. Il se souvint qu’on pouvait le voir ; tourna bride et rebroussa chemin.

Je déteste voyager avec Polikei, se dit Tambour mécontent : une seule fois dans la vie il m’a nourri et abreuvé à temps, et maintenant que me voilà près du logis, il me joue le tour de me faire rebrousser chemin !

— Allons, sacré animal ! criait Polikei en rouant le cheval de coups.