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VIII


Vers minuit, les ouvriers du marchand et Polikei furent réveillés par des coups violents à la porte.

C’étaient les trois conscrits venus de Pokrofsky, Kourachkine, Mitiouchkine et Ilia (le neveu de Doutlof), accompagnés du bailli et de leurs parents.

Une veilleuse brûlait dans la cuisine. La cuisinière dormait sur le banc placé sous les Images. Elle se leva en hâte et alluma une chandelle. Polikei se réveilla aussi et examina les nouveaux arrivés du haut de son poêle.

À mesure qu’ils entraient, ils faisaient le signe de la croix et s’installaient sur le large banc sous les Images.

Tous calmes et tranquilles ; ils causaient de choses indifférentes et, au premier coup d’œil, on avait de la peine à distinguer quels étaient les conscrits.

— Eh ben, mes enfants, soupons-nous, ou bien nous couchons-nous à jeun ?

— Nous soupons, dit Ilia, d’une voix avinée ; envoie chercher de l’eau-de-vie.

— Tu as déjà assez bu, lui répondit le bailli, et s’adressant aux autres :