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IV


Une demi-heure s’écoula ainsi.

Le bébé dans le berceau se mit à crier de toutes ses forces. Akoulina se leva pour lui donner à téter. Elle ne pleurait plus. Elle avait appuyé sa jolie figure amaigrie contre le rebord du lit, et fixait le bout de bougie, se demandant pourquoi elle s’était mariée, pourquoi il fallait tant de soldats, et comment elle ferait pour se venger de la femme du menuisier.

Elle entendit le pas de son mari, se leva rapidement, en essuyant ses larmes.

Polikei entra d’un air vainqueur, jeta son chapeau sur le lit et se mit à défaire la corde qui attachait son cafetan.

— Eh bien ! pourquoi t’a-t-elle fait venir ?

— Hum ! c’est toujours comme cela ! Polikouchka est le dernier des hommes, mais lorsqu’il s’agit d’une affaire sérieuse, à qui pense-t-on ? À lui naturellement.

— Quelle affaire ?

Polikei ne se hâta pas de répondre. Il allume sa pipe et cracha.