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mes étaient gentilles, bonnes et, bien que Polonaises, ne faisaient aucun mal. Mais dans l’auberge, le soir, il avait vu, en passant devant la voiture, que le petit chien piaillait en remuant la queue, tandis que sous le siège de la voiture, il avait cru entendre une voix. Une des Polonaises, la plus vieille, avait saisi, aussitôt le chien et l’avait emporté d’un air effrayé.

— Il y a quelque chose là-dessous, se dit-il.

La nuit, quand la jeune Polonaise s’approcha de la voiture, il fit semblant de dormir et entendit alors clairement une voix d’homme sortant de la caisse.

De bon matin, il alla à la police et fit son rapport. Les Polonaises qui lui avaient été confiées transportaient dans leur caisse un vivant au lieu de morts.

Quand Albine, joyeuse et assurée que tout allait bien finir et qu’ils seraient libres dans quelques jours, s’approcha de l’auberge, elle vit à la porte un équipage élégant et deux cosaques. La foule se massait à l’entrée, regardant curieusement dans la cour.

Elle était si pleine d’espoir et d’énergie qu’elle n’aurait jamais pu supposer que cette foule pouvait avoir été attirée par ce qui l’occupait. Elle entra dans la cour et, cherchant à voir sa voiture, elle entendit un aboiement désespéré de Trésor.

Ce qui était le plus terrible était arrivé. Devant la voiture, tout brillant dans son uniforme neuf, ses bottes vernies, ses boutons dorés et ses pattes d’épaules, se tenait un homme large aux favoris noirs. Il parlait à voix haute et rauque. Devant lui, placé entre deux soldats, José, avec ses vêtements de paysan, et les cheveux mêlés de brins de paille, semblait tout étonné, levant et laissant tomber ses larges épaules. Sans se douter qu’il était la cause de tout