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XI


Sans entrer en ville, on s’arrêta dans le grand faubourg de Pokrovskoïe, sur la rive gauche de la Volga.

Albine espérait pouvoir causer avec son mari et peut-être même le sortir de sa cachette. Mais, tout le long de cette courte nuit de printemps, le cosaque n’avait quitté les abords de la voiture. Louise qui, sur l’ordre d’Albine était restée assise à sa place, faisait des yeux doux, riait, persuadée que c’était pour elle qu’il restait. Mais Albine ne voyait rien de gai à cette situation et sans deviner pourquoi le cosaque demeurait, ne savait plus que faire.

Plusieurs fois, au long de cette courte nuit, Albine sortit de la chambre de l’auberge et, traversant un corridor empuanti, alla vers la voiture.

Le cosaque ne dormait pas, toujours assis sur une voiture voisine. Et ce n’est qu’avant l’aube, alors que les coqs s’appelaient d’une cour à l’autre, que la jeune femme trouva le moyen de parler à son mari.

En entendant ronfler le cosaque, elle s’approcha doucement de la voiture et frappa sur la caisse.

— José, José, murmura-t-elle, d’une voix effrayée.

— Qu’y a-t-il ? demanda la voix endormie de Migourski.