Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quand ce fut fait, on appela Albine et la caisse remplie de terre fut emmenée à la maison.

Enfin, le jour du départ arriva.

Rossolowski se réjouissait de la réussite de son plan. Louise, qui avait préparé pour la route des quantités de pâtés et de gâteaux, disait à tout instant que son cœur se brisait de joie et de crainte. Quant à Migourski, il était heureux de quitter son grenier où il était resté plus d’un mois, mais surtout de voir l’animation et la joie de vivre d’Albine. On eût dit qu’elle avait oublié tous ses malheurs et comme au temps de son adolescence, sa figure rayonnait de joie enthousiaste.

À trois heures du matin, le cosaque arriva conduisant la voiture et les trois chevaux. Albine, Louise et le petit chien s’assirent dans la voiture. Le cosaque et le cocher s’assirent sur le siège et Migourski, habillé en paysan, était étendu dans sa caisse.

On sortit de la ville et la bonne Troïka[1] emporta la voiture sur la route empierrée et plate au long de la steppe infinie et des regains de trèfle de l’an dernier.

  1. La troïka est un attelage de trois chevaux de front, le cheval du milieu portant au-dessus du col l’arc des brancards généralement muni de clochettes. La troïka s’attelle à toutes sortes de véhicules.