Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais à la fin du jour, comme sa femme avait mis toute sa passion et toute son assurance pour le persuader, il se décida. Ce qui influença encore sa décision, c’est que, en cas d’échec, lui seul encourait la punition qu’avait décrite Rossolowski tandis que la réussite la libérait, elle, qu’il voyait tant souffrir après la mort de leurs enfants.

Rossolowski et Louise furent au courant du complot et après de longues conférences et des rectifications, le plan de l’évasion fut établi. Au début, il avait été entendu que Migourski, reconnu noyé, allait fuir seul et à pied. Quant à Albine, elle devait partir en voiture pour l’attendre à un endroit désigné d’avance. Tel avait été le plan primitif. Mais Rossolowski ayant conté toutes les évasions qui avaient échoué pendant les dernières cinq années en Sibérie, Albine en proposa un autre :

José, dissimulé dans l’équipage, allait voyager avec elle et Louise jusqu’à Saratoff. Arrivé dans cette ville, il partirait sous un déguisement à pied en longeant le Volga et, à un endroit convenu, il prendrait un bateau loué d’avance par Albine et qui l’amènerai à Astrakan. De là, à travers la Caspienne jusqu’en Perse.

Ce plan approuvé par tous ainsi que par Rossolowski, l’organisateur principal, présentait un seul inconvénient, la difficulté de trouver la place de cacher un homme dans la voiture sans provoquer la suspicion.

Quand, après avoir visité le tombeau de ses enfants, Albine dit à Rossolowski son désespoir de laisser à l’étranger les cendres de ses enfants, il réfléchit et dit :

— Demandez à l’administration d’emmener avec vous les cercueils de vos enfants.