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VII


Dans ces moments si durs pour les Migourski arriva à Oural le Polonais Rossolowski, compromis dans un si immense plan d’émeute et d’évasion que le prêtre polonais Sirotzinski, exilé, avait fomenté en Sibérie.

Ainsi que Migourski et des milliers d’hommes punis pour cet unique désir d’avoir voulu rester Polonais, Rossolowski était mêlé à cette affaire, bâtonné et incorporé comme simple soldat dans le même bataillon que Migourski. Ancien professeur de mathématiques, c’était un homme long, voûté, au front plissé.

À sa première visite chez les Migourski, le soir près de la table de thé, de sa voix lente et tranquille, il conta les péripéties atroces de l’affaire dans laquelle il avait si cruellement souffert.

Une société secrète avait été organisée en Sibérie. Le but était de réunir tous les Polonais exilés et incorporés dans les régiments de ligne et de cosaques et, par leur action, de semer la révolte parmi les soldats et les forçats, de soulever les relégués, et, s’étant emparés de l’artillerie à Omsk, de libérer tout le monde.

— Mais était-ce possible ? demanda Migourski.