II
À la fin de l’été, les journaux firent connaître la révolution de Paris. Peu après vinrent des nouvelles sur les désordres qui se préparaient à Varsovie. À chaque courrier, Iatcheski attendait avec espoir et anxiété la nouvelle de l’assassinat du grand-duc Constantin et le commencement de la révolution. Enfin en novembre, on apprit à Rojanka l’assaut du Belvédère et la fuite de Constantin Pavlovitch. Puis on apprit que le parlement avait décrété la déchéance des droits des Romanoff à la couronne de Pologne, la dictature de Chlopiski et la libération du peuple polonais. La guerre n’avait pas encore atteint Rojanka, mais ses habitants suivaient son développement et se préparaient à se joindre au mouvement.
Le vieux Iatcheski entretenait une grande correspondance avec un de ses vieux amis, un des chefs de l’insurrection, recevait des Juifs mystérieux, non pour affaires domestiques, mais révolutionnaires et s’apprêtait à se mêler au mouvement au plus tôt. Quant à sa femme, elle s’occupait plus qu’à l’ordinaire de l’entourer de soins, ce qui l’exaspérait de plus en plus. La belle Wanda envoya ses diamants à une amie de Varsovie au profit du Comité. Albine s’intéressait uniquement aux faits et gestes de Migourski. Elle avait su par son père qu’il faisait partie