occasion. Wanda était certaine que Migourski était venu pour elle et se déciderait à lui demander sa main. Elle était toute disposée à la lui accorder, tout en lui tenant la dragée haute, pensait-elle. Albine était heureuse parce que tout le monde était heureux.
Wanda n’était pas seule à croire que Migourski était venu pour elle. Tout le monde à la maison, depuis le vieux Iatcheski jusqu’à la nourrice Louise, en était convaincu sans le dire.
Et tous avaient raison. Migourski était venu pour cela. Pourtant après huit jours de séjour à Rojanka, il repartit agité et sans avoir fait sa demande. L’étonnement de tous était à son comble ; mais seule Albine en connaissait la raison, car elle savait être la cause de ce singulier départ.
Pendant toute la durée du séjour de Migourski à Rojanka, elle avait remarqué que le jeune homme ne s’était guère plu qu’en sa société. Il l’avait traitée en fillette, plaisantant et la taquinant. Mais son instinct de petite femme lui avait fait comprendre que leurs relations n’étaient pas de grande personne à enfant, mais bien d’homme à femme. Elle l’avait vu dans son regard aimant et dans le bon sourire dont il la saluait à son entrée dans la vaste pièce et dont il la reconduisait lorsqu’elle la quittait. Elle ne s’en rendait pas compte, mais tout cela la rendait très gaie et, involontairement, elle faisait tout pour lui plaire. Mais tout ce qu’elle faisait lui plaisait. Et c’est avec une excitation particulière qu’elle accomplissait les plus petits actes quand il était présent. Le jeune homme aimait à la voir courir avec le beau lévrier qui sautait auprès d’elle et léchait son visage rayonnant. Il aimait la voir rire d’un rire contagieux.