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III


Pendant que les paysans réunis devant le comptoir, discutaient, lequel des deux candidats, de Doutlof ou de Polikei, il fallait que le village envoyât au régiment, Polikei, assis sur le bord du lit, triturait sur la table, avec les cul d’une bouteille, une drogue qui devait guérir infailliblement les chevaux de toute espèce de maladies.

Toutes sortes d’ingrédients y étaient mélangés ; du sublimé, du soufre et une herbe qu’il avait cueillie un soir, prétendant qu’elle jouissait de vertus miraculeuses.

Les enfants étaient déjà couchés, deux sur le poêle, deux sur le lit, le dernier né dans le berceau auprès duquel Akoulina filait.

Un bout de chandelle volé aux maîtres, brûlait sur la fenêtre dans un chandelier de bois. Pour ne pas déranger son mari, de ses occupations, Akoulina se levait de temps en temps et mouchait la mèche avec ses doigts.

Certains sceptiques considéraient Polikei comme un homme léger et un charlatan, d’autres, — et c’était le plus grand nombre, — prétendaient qu’il était un