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ment en lui-même, mais aussi des lèvres qui tremblaient convulsivement.

— Veuillez…, murmura-t-il.

Debout au milieu de la chambre, elle le contemplait de ses yeux rieurs.

— Pardonnez-moi d’avoir troublé votre solitude, mais voyez dans quelle situation je me trouve. Vous comprenez, nous avions quitté la ville pour faire une promenade en traîneau, et j’ai fait le pari de retourner à pied de Vorobiebvka jusqu’à la ville. C’est ainsi qu’ayant perdu mon chemin, je suis arrivée jusqu’à votre grotte.

Elle avait commencé à mentir, mais la figure de l’ermite la troublait tant qu’elle ne put continuer et se tut. Elle ne s’attendait pas à le voir ainsi. Il n’était pas d’une beauté telle qu’elle se l’était imaginée, mais il lui semblait cependant bien beau. Ses cheveux et sa barbe parsemés de fils d’argent, un nez mince et régulier et ses yeux de braise ardente la frappaient.

Il voyait qu’elle mentait. Il la regarda et aussitôt baissa les yeux.

— Oui, oui, dit-il. Je passerai par là pendant que vous allez vous installer.

Décrochant la petite lampe, il alluma une bougie et, saluant très profondément la femme étonnée, il entra dans un petit réduit et elle l’entendit remuer quelque chose derrière la cloison.

— Il a peur de moi et doit s’enfermer, songea-t-elle en souriant.

Sa pelisse blanche enlevée, elle défit le fichu qui tenait son bonnet. Elle n’était pas du tout trempée, comme elle le disait. Ce n’avait été qu’un prétexte pour pouvoir entrer, mais à la porte elle avait mar-