Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la fenêtre et regarda l’icone sur laquelle était le Christ couronné d’épines.

— Seigneur, aidez-moi, Seigneur, aidez-moi, dit-il en se pliant en deux.

Puis il approcha de la porte, pénétra dans l’entrée et souleva le loquet.

Des pas firent craquer la neige. C’est elle qui approchait.

— Oh ! cria-t-elle soudain.

Il avait compris que son pied avait glissé dans une flaque qui stagnait devant le seuil. Les mains de l’ermite tremblaient au point de ne pouvoir soulever le loquet.

— Mais qu’avez-vous donc ? Laissez-moi entrer ! Pendant que je me gèle, vous songez au salut de votre âme.

Il poussa la porte et, n’ayant pas bien calculé son mouvement, bouscula quelque peu l’étrangère.

— Pardon, dit-il soudain, se rappelant inconsciemment ses anciennes habitudes mondaines.

Elle sourit en entendant ce « pardon ! ».

« Il n’est pas si terrible », songea-t-elle.

— Il n’y a pas de mal, c’est à vous de me pardonner, dit-elle en passant auprès de lui. Je n’aurais jamais osé sans ce cas de force majeure.

— Entrez, s’il vous plaît, dit-il.

Et l’odeur oubliée des parfums lui caressait les narines. Il ferma la porte extérieure sans remettre le verrou et pénétra dans l’entrée, puis dans la chambre.

— Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, ayez pitié du pauvre pécheur. Seigneur, ayez pitié du pauvre pécheur que je suis, répétait-il sans arrêt, non seule-