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de venir chez lui ainsi que le fils aîné. Il avait ordonné de leur dire qu’il était prêt à servir le Khan, comme son père avait servi leur père. La mère des Khans était une femme faible, stupide et impertinente, comme toutes les femmes qui vivent à leur guise. Elle eut peur d’envoyer ses deux fils, et n’en envoya qu’un, Oulim Khan. Je l’accompagnai. Une verste avant l’arrivée, les murides nous rencontrèrent. Ils chantaient, tiraient des coups de fusil, caracolaient autour de nous ; et, comme nous arrivions, Gamzat lui-même sortit de sa tente, s’approcha de l’étrier d’Oulim Khan et le reçut comme on reçoit un Khan. Il lui dit : « Je n’ai fait à votre maison aucun mal et n’en veux faire ; seulement ne me tuez pas et ne m’empêchez pas d’amener les hommes au Khazavat. Et moi je vous servirai avec toute mon armée, comme mon père a servi votre père. Laissez-moi vivre dans votre maison ; je vous aiderai de mes conseils et vous en ferez ce que vous voudrez. » Oulim Khan était stupide en paroles ; il ne savait que répondre et se taisait. Alors je dis que s’il en était ainsi, Gamzat devait venir à Khounzakh ; que les Khans et leur mère le recevraient avec honneur. Mais on ne me laissa pas achever, et ici, pour la première fois, Schamyl se dressa contre moi. Il se trouvait là, près de l’Iman : — « Ce n’est pas à toi que l’on parle, mais au Khan, » me dit-il. Je me tus. Gamzat conduisit Oulim Khan dans sa tente. Ensuite il m’appela et m’ordonna de retourner avec mes envoyés à Khounzakh. Je