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étaient introduits dans le cabinet du prince par l’aide de camp, un beau jeune homme blond.

Quand d’un pas alerte, en boitant légèrement, Hadji Mourad entra dans le salon de réception, tous les yeux se tournèrent vers lui, et, de différents côtés, il entendit son nom prononcé à voix basse.

Hadji Mourad était vêtu d’une longue tcherkeska blanche recouverte d’un bechmet brun bordé au col d’un fin galon d’argent. Il portait des sandales noires, et des bas de même couleur se moulaient sur ses pieds. Il était coiffé d’un bonnet entouré d’un turban, ce même turban à cause duquel, sur les dénonciations d’Akhmet Khan, il avait été arrêté par le général Klugenau, arrestation qui avait eu pour conséquence son passage à Schamyl.

Hadji Mourad marchait rapidement, en balançant son corps mince à cause d’une légère claudication tenant à ce que l’une de ses jambes était plus courte que l’autre. Ses yeux, largement écartés, regardaient tranquillement devant lui, et semblaient ne voir personne. Le bel aide de camp, après avoir salué Hadji Mourad, lui demanda de s’asseoir pendant qu’il allait l’annoncer au prince. Mais Hadji Mourad refusa de s’asseoir, et portant la main au manche de son poignard, les jambes écartées, il resta debout, en regardant avec un air de mépris toutes les personnes présentes. L’interprète, le prince Tarkanoff, s’approcha de Hadji Mourad et se mit à causer avec lui. Hadji Mourad répondait négligemment et brièvement. Du cabinet de Vorontzoff sortit un prince koumik,