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Le lendemain, quand Hadji Mourad arriva chez Vorontzoff, le salon de réception du prince était plein de monde. Il y avait là, comme la veille, le général aux moustaches hérissées, en uniforme chamarré de décorations, qui venait prendre congé. Il y avait aussi un commandant de régiment menacé du conseil de guerre pour abus concernant des fournitures militaires. Il y avait encore un riche arménien, protégé du Dr  Andréievski, adjudicataire des fournitures d’eau-de-vie, et qui, maintenant, faisait des démarches pour obtenir le renouvellement de son privilège ; la veuve d’un officier tué, toute vêtue de noir ; elle venait solliciter une pension ou au moins l’admission de ses enfants dans les écoles de l’État ; un prince grouzine ruiné, dans son magnifique costume national, qui faisait des démarches pour obtenir les biens expropriés d’une église ; un officier de police porteur d’une grande serviette qui contenait le projet d’un nouveau plan de conquête du Caucase ; un khan venu à seule fin de raconter aux siens qu’il était allé chez le prince.

Tous attendaient leur tour, et l’un après l’autre