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— Tout cela, grâce à vous, dit Mme Orbeliani. Le prince Vorontzoff tâchait d’apaiser ces vagues de flatteries qui commençaient à le submerger. Mais cela lui était agréable, et il se sentait d’excellente humeur quand, après le dîner, il reconduisit sa dame au salon.

Après le dîner, pendant qu’on prenait le café, servi au salon, le prince se montra particulièrement aimable avec tous, et, s’approchant du général aux moustaches rousses, il fit en sorte de lui montrer qu’il n’avait pas remarqué sa gaffe.

Quand il eut fait le tour des salons, le prince s’assit pour jouer aux cartes. Il ne jouait qu’un jeu ancien : l’hombre. Le prince avait pour partenaires : le prince grouzine, le général arménien, qui avait appris à jouer l’hombre avec le valet de pied du prince, et le tout puissant docteur Andréievsky.

Quand il eut disposé près de lui sa tabatière d’or ornée d’un portrait d’Alexandre Ier, Vorontzoff ouvrit le jeu, et il allait étaler les cartes quand son valet de pied, l’italien Giovanni, entra tenant un plateau d’argent sur lequel se trouvait un pli.

— Encore un courrier, Votre Excellence. Vorontzoff posa les cartes, et s’excusant, décacheta la lettre et se mit à lire.

C’était une lettre de son fils. Il lui mandait le ralliement de Hadji Mourad et le désagrément qu’il avait eu avec Meller Zakomelski.

La princesse s’approcha et demanda ce qu’écrivait leur fils.