Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ordre quelconque à la maison ? demanda de nouveau Panoff en touchant sa main froide, osseuse, large.

Avdéieff parut se réveiller.

— Ah ! C’est toi, Antonitch !

— Oui, voilà. Je suis venu. Ne veux-tu pas faire savoir quelque chose à la maison. Seréguine écrira.

— Seréguine… dit Avdéieff en portant avec peine ses yeux sur Seréguine… Tu écriras… Alors écris : Votre fils, Piotr, a cessé de vivre. Voilà, j’enviais mon frère… Je l’ai raconté aujourd’hui. Et maintenant je suis content. Que Dieu l’assiste. Alors écris cela.

Ayant prononcé ces paroles, longtemps il demeura silencieux, les yeux fixés sur Panoff.

— Eh bien, et la pipe, l’as-tu retrouvée ? demanda-t-il tout à coup.

Panoff ne répondit point.

— La pipe, te dis-je, l’as-tu retrouvée ? répéta Avdéieff.

— Elle était dans mon sac.

— C’est ça. Eh bien, maintenant donne-moi un cierge. Je vais mourir, dit Avdéieff.

À ce moment entra Poltoradski. Il venait prendre des nouvelles de son homme.

— Eh quoi, mon cher, ça va mal ! dit-il. Avdéieff ferma les yeux et hocha négativement la tête. Son visage aux pommettes saillantes était pâle et sévère. Il ne répondit rien, mais seulement répéta de nouveau, s’adressant à Panoff :