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Poltoradski indiqua à Hadji Mourad Vorontzoff qui débouchait sur la route. Hadji Mourad se dirigea vers lui, en s’approchant posa sa main droite sur sa poitrine, puis prononça quelques mots en tatar et s’arrêta.

Le Tchetchenz interprète traduisit :

— Je me rends à la volonté du tzar russe. Je veux le servir. Je le voulais depuis longtemps, mais Schamyl m’en empêchait.

Vorontzoff tendit à Hadji Mourad sa main gantée. Hadji Mourad regarda cette main, eut une minute d’hésitation, mais ensuite la serra fortement et prononça encore quelque chose, en regardant tantôt l’interprète, tantôt Vorontzoff.

— Il dit qu’il n’a voulu aller chez personne d’autre que chez toi, parce que tu es le fils du Sardar. Il te respecte grandement.

Vorontzoff remercia d’un signe de tête. Hadji Mourad dit encore quelque chose en indiquant sa suite.

— Il dit que ses hommes, ses murides, comme lui serviront les Russes.

Vorontzoff le regarda et acquiesça de la tête.

Le Tchetchenz aux yeux sans paupières, le joyeux Khan-Magom, hochant aussi la tête, dit quelque chose à Vorontzoff, et probablement quelque chose de très drôle, parce que le velu Abaze sourit en montrant des dents d’une blancheur éblouissante. Quant au roux Gamzalo, il jeta seulement un rapide regard de son œil rouge sur Vorontzoff, et aussitôt le fixa de nouveau sur les oreilles de son cheval.