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— Pas mal, mais ça m’empêche de marcher. Je prendrais bien du vin, votre Seigneurie.

Le vin, c’est-à-dire l’alcool que buvaient les soldats au Caucase, fut apporté, et Panoff, en fronçant sévèrement les sourcils, en donna une tasse à Avdeieff.

Avdeieff commença à boire, mais, aussitôt, de la main écarta la tasse.

— Le cœur n’en veut pas ; bois toi-même. Panoff vida la tasse.

De nouveau Avdeieff essaya de se soulever et de nouveau retomba.

On déplia un manteau sur lequel on le plaça.

— Votre Seigneurie, voici le Colonel ! dit un caporal en s’approchant de Poltoradski.

— Bon. Toi, veille sur lui, dit Poltoradski, et, faisant siffler sa cravache, il partit au grand trot à la rencontre de Vorontzoff.

Vorontzoff, qui montait un trotteur anglais, pur sang, roux, était accompagné d’un aide de camp, d’un cosaque et d’un Tchetchenz interprète.

— Que se passe-t-il ici ? demanda-t-il à Poltoradski.

— Voici : une bande de Tchetchenz s’est avancée et a attaqué le cordon, lui répondit Poltoradski.

— Bon, bon. C’est vous-mêmes qui avez commencé tout cela.

— Non, prince, pas moi, dit Poltoradski en souriant. Ce sont eux qui nous ont provoqués.

— J’ai entendu qu’un soldat était blessé ?