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pour confirmer leur attente, au beau milieu de leur conversation, le joli bruit d’un coup de fusil retentit à gauche de la route, et une petite balle, en sifflotant gaîment, vola quelque part dans l’air rempli de brouillard et vint frapper contre un arbre. Quelques coups de fusil des soldats répondirent aux coups ennemis.

— Ah ! ah ! cria d’une voix joyeuse Poltoradski. — Cela se passe dans la chaîne des fusiliers. — Eh bien, mon cher Kostia, s’adressa-t-il à Frézé, c’est ta chance. Va à ta compagnie, nous allons faire tout de suite une telle bataille que ce sera délicieux ! Une vraie représentation.

Le baron dégradé bondit sur ses jambes, et à pas rapides se dirigea du côté de la fumée, où était sa compagnie. On amena à Poltoradski son petit cheval bai de Kabardine, et, rassemblant sa compagnie, il la conduisit dans la direction de la fusillade.

La chaîne se tenait à la lisière de la forêt, devant le ravin nu. Le vent soufflait dans la forêt, et on voyait clairement, non seulement la descente du ravin, mais l’autre côté. Quand Poltoradski arriva près de la chaîne, le soleil se montrait à travers le brouillard, et du côté opposé du ravin, dans l’autre forêt qui commençait là-bas, on apercevait, à une centaine de sagènes, quelques cavaliers. C’étaient les Tchetchenz qui avaient poursuivi Hadji Mourad et voulaient voir son arrivée chez les Russes. L’un d’eux fit feu sur la chaîne, quelques soldats lui répondirent. Les Tchetchenz s’éloignèrent et la fusillade cessa. Mais quand Poltoradski arriva