Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Schamyl, le ferait prisonnier, se vengerait, et comment le tzar russe le récompenserait, et alors, de nouveau, il dirigerait non seulement l’Arabie mais tout la Tchetchnia qui se soumettrait à lui.

Au milieu de ces pensées, il s’endormit sans même le remarquer.

En rêve, il se voyait, avec ses soldats chantant et criant « Hadji Mourad, en avant ! » s’élançant contre Schamyl, s’emparant de lui et de ses femmes, dont on entendait les pleurs et les sanglots.

Il s’éveilla. La chanson « Laillakha ! » et les cris « Hadji Mourad, en avant ! » et les pleurs des femmes de Schamyl, tout cela n’était que les cris, les pleurs, les rires des chacals, qui l’avaient éveillé.

Hadji Mourad leva la tête et regarda le ciel déjà clair, entre les arbres, du côté de l’orient, et il demanda au muride qui était assis un peu loin de lui, où était Khan-Magom. Ayant appris qu’il n’était pas encore de retour, Hadji Mourad de nouveau inclina la tête et s’endormit.

La voix joyeuse de Khan-Magom revenant de sa mission avec Bata l’éveilla. Khan-Magom s’assit aussitôt à côté de Hadji Mourad, et se mit à lui raconter comment les soldats les avaient rencontrés et accompagnés jusqu’au prince lui-même ; comment il avait parlé au prince, comment le prince s’était réjoui et avait promis de l’attendre ce matin, à l’endroit où les Russes coupent la forêt, derrière Mitchine, sur la clairière de Chalinsk. Bata interrompait le récit de son compagnon pour ajouter de nouveaux détails.