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— Je te dis de m’éveiller ! Tu m’entends ?

— J’obéis.

Vavilo sortit, emportant les bottes et les effets, et Poltoradski se mit au lit ; en souriant il alluma une cigarette et éteignit la chandelle. Dans l’obscurité il voyait devant lui le visage souriant de Marie Vassilievna.

Chez les Vorontzoff on ne se coucha pas tout de suite. Après le départ des hôtes, Marie Vassilievna s’approcha de son mari, et, s’arrêtant devant lui, lui demanda sévèrement :

— Eh bien, allez-vous me dire ce que c’est ?

— Mais, ma chère…

— Pas de ma chère ! C’est un émissaire, n’est-ce pas ?

— Quand même je ne puis pas vous le dire.

— Vous ne pouvez pas ? Alors, c’est moi qui vais vous le dire !

— Vous ?

— Hadji Mourad, oui ? fit la princesse qui savait que depuis quelques jours il était question de pourparlers avec Hadji Mourad, et supposant que c’était lui-même qui était venu chez son mari.

Vorontzoff ne pouvait nier, mais il désenchanta sa femme en lui apprenant que ce n’était pas Hadji Mourad en personne qui était venu, mais un émissaire envoyé pour l’informer que Hadji Mourad viendrait le trouver demain, à l’endroit où était décidée la coupe de la forêt.

Vu la monotonie de la vie dans la forteresse,