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l’autre tira un revolver, dont il lui appuya le canon sur la poitrine.

— Donnez-moi les clefs de la caisse ! s’écria Bouriline.

— Quoi ? Quoi ?

— Les clefs ! L’argent !

— Bouriline, qu’avez-vous ? dit Shindel à Paul.

— Plus vite ; plus vite… Donnez ce qu’il y a. Je sais qu’il y a sept mille roubles…

— Ah ! Ah ! Que signifie cela ? fit Shindel en donnant les clefs.

À peine Shindel avait-il remis les clefs que, de derrière la porte, bondissait Anossoff, et, le revolver au poing, saisissait Shindel au collet.

Paul, muni des clefs, entra dans le bureau et ouvrit la caisse. Anossoff tenait son revolver braqué sur Shindel. Paul prit l’argent et le mit dans sa poche.

— Pas un mot, autrement… prononça encore une fois Anossoff en marchant à reculons jusqu’à la porte.

Arrivés à la porte, tous deux sortirent dans la cour. Paul voulait courir. Anossoff l’en empêcha. « Au pas ! » prononça-t-il à voix basse. Ils n’étaient pas encore à la porte de la rue que Shindel criait du bureau, d’une voix désespérée : Au voleur !

Aussitôt tous deux se mirent à courir, mais le portier leur barra le chemin. Anossoff se retourna sur le patron, en braquant sur lui son revolver.

Paul se trouva nez à nez avec le portier, et, pour l’effrayer, tira deux fois ; Anossoff prit sa course.