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de beaucoup de choses et, entre autres, de la situation des ouvriers. Shindel, qui avait affaire aux ouvriers, revendiquait pour eux le droit de se syndiquer pour défendre leurs droits et admettait même la grève pacifique. Il voyait que son opinion, à lui fabricant, plaisait et provoquait un certain respect pour sa personne. Et cela lui était agréable.

Il s’éveilla de bonne heure pour aller à son bureau, et se remémora avec plaisir la conversation de la veille, les paroles qu’il avait prononcées. Il sortit de son appartement en calculant s’il aurait assez d’argent en caisse pour payer les ouvriers et régler la marchandise prise à crédit pour une semaine. Il s’approcha du bureau.

« Il faudra demander cela à Bouriline, » se dit-il, et, à la pensée de Bouriline, il se rappela qu’hier c’était précisément Paul qu’il avait en vue quand il avait parlé du développement intellectuel et de la moralité des ouvriers.

À son étonnement, le bureau était ouvert.

XIV

En entrant dans le vestibule, il vit Bouriline. Il n’en fut pas étonné. Il lui dit bonjour, et, prenant la clef suspendue à un clou, il se dirigea vers une pièce obscure qui menait à son cabinet. Tout d’un coup, Bouriline, l’air étrange, courut sur lui ; d’une main il saisit le pan de son paletot, de