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vous prévenir qu’il faut, pour réussir, de l’énergie, de l’endurance, de la prudence, de la discrétion. Nous sommes entourés d’ennemis.[1]

Paul raconte longuement, en s’exaltant, tout ce qu’il a éprouvé : qu’il vivait dans les ténèbres ; que les paysans ne comprennent rien, que les popes les trompent, qu’il a écrit sur ce sujet des poèmes. Almazoff l’arrête, en souriant, et le ramène à la question.

Paul dit encore beaucoup de choses inutiles : il est heureux de connaître enfin de vrais hommes, des hommes qui donnent leur vie pour des amis, pour la cause, pour la grande cause, pour l’anéantissement de l’exploitation, du despotisme. Avec de pareils hommes, il est prêt à tout.

Almazoff lui confie la mission et lui demande comment il compte la mener à bien.

Anossoff se mêle à la conversation et propose un plan : se rendre au bureau le matin, de bonne heure, forcer la serrure et s’en aller. C’est très simple et personne ne saura rien. Dans la caisse il y a sûrement dix mille roubles.

PAUL.

Pas dix mais sûrement sept mille.

1909.


  1. Dans le manuscrit original, en face de ce passage on trouve écrit de la main de Léon Tolstoï, puis effacé : « Ça ne va pas. C’est stupide. Je ne peux pas. » La suite a été copiée par la comtesse Sophie Andréevna, et corrigée par Léon Tolstoï.