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entier à son œuvre. Sans parler des commodités de la vie, des joies de l’amour auxquelles il renonçait, à chaque moment donné il était prêt à sacrifier sa liberté et sa vie pour le but qu’il poursuivait. Il songeait à sa sécurité, se cachait de ses ennemis ; mais il faisait cela, non pour lui, pour sa personne, il le faisait pour l’œuvre, pour la grande œuvre commune de la délivrance du peuple du joug matériel et moral. Il ne connaissait aucune des commodités de la vie et ne les voulait pas connaître. Il avait avec quelques femmes des rapports très intimes mais absolument chastes, uniquement des relations d’affaires ; et, malgré que Julie Kraftzeva et Mlle Aronson, toutes deux fussent amoureuses de lui et qu’il le soupçonnât, il ne se permettait pas de se l’avouer à lui-même.

X

Maintenant, à Moscou, il habitait chez un camarade, ancien officier d’artillerie, et c’était là qu’avaient lieu les réunions. À la dernière réunion, au commencement de juin, assistait Paul. Il s’agissait de se procurer de l’argent nécessaire à l’achat d’une typographie…