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Tout s’arrangea ainsi. Vladimir quitta la maison sans un kopeck : le père n’avait fait que l’injurier et n’avait pas permis à la mère d’aider son fils.

Dans la ville universitaire, Vladimir s’adressa à un ancien professeur du séminaire. Celui-ci lui trouva des leçons, et il entra à l’Académie de médecine. Là commença son activité révolutionnaire. Elle fut provoquée principalement par le contraste frappant, qu’il ne pouvait ne pas remarquer, non seulement entre le luxe inouï des familles dans lesquelles il donnait des leçons (une d’elles surtout, dans laquelle il préparait au lycée un garçon très sot, vivait dans un luxe effréné) et la misère du peuple, mais principalement par le contraste entre la science raffinée et l’ignorance terrible, superstitieuse de son père, le diacre, de ses camarades du séminaire, et surtout des masses du peuple. Le but principal, unique, de son activité révolutionnaire était d’éclairer le peuple, de le débarrasser de cette ignorance entretenue par l’Église à cause de laquelle il lui était impossible de ne pas tomber au pouvoir de tous ceux qui voulaient l’exploiter.

IX

Au commencement de son activité, durant cinq années de sa vie, Vladimir Vassilievitch avait vécu sans aucun désir personnel, s’adonnant tout