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fena, et celle-ci était la promise du fils de Semen, Paul.)

— Il est parti pour Moscou, ce vaurien. On lui a trouvé une place là-bas.

— Eh bien ! fit Semen, lui as-tu recommandé de prendre des nouvelles de Paul. Je pense que tu t’ennuies ?…

— Qu’est-ce qu’il me fait, ton Paul ? Je n’ai pas besoin de lui. Que le diable l’emporte ! Allons, donne-moi le chemin ; tourne, hein !

La jeune fille fronça les sourcils et rougit.

— Oh ! que tu es chatouilleuse ! On ne peut pas te passer la main sur l’échine. Pourquoi te fâches-tu ? Son patron ne lui donne pas de congé. Dans sa lettre, il te salue…

Semen détourna ses attelages.

— Bon, bon.

La jeune fille sourit et tout son visage s’éclaircit.

Le cheval de la deuxième charrette de Semen n’ayant pas tourné complètement, les roues barraient le chemin. Grouchka alla derrière la télègue et d’un mouvement vigoureux rejeta l’arrière sur la droite. Sa charrette passa.

— Oh ! Je ne m’offense pas, dit-elle.

— C’est ça. Nous te plaignons bien.

— Eh bien ! Qu’as-tu à t’arrêter ! cria la jeune femme après son cheval, et, marchant rapidement de ses pieds nus, elle le rejoignit.

« Belle fille, se dit Semen en hochant la tête. Pavloucha, prends garde, si tu la laisses échapper tu ne la rattraperas pas. »