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— Pourquoi ne m’a-t-on pas éveillé ?

Le père Vassili but son thé sans lait (c’était le vendredi), prit le Saint Sacrement pour l’emporter, mit sa pelisse, son bonnet, et, d’un pas décidé, sortit. Le paysan de Vozdremo l’attendait dans le vestibule.

— Bonjour, Dmitri, dit le père Vassili, et, en soulevant sa manche, il fit un signe de croix sur le paysan, et lui donna à baiser sa petite main ferme aux ongles coupés courts, et alla sur le perron. Le soleil était déjà levé, mais on ne le voyait pas à travers les nuages très bas. Le paysan fit entrer la télègue et l’avança jusqu’au perron. Vassili Davidovitch, s’appuyant légèrement sur le moyeu de la roue de derrière, monta dans la télègue et s’assit sur le foin posé sur le siège. Dmitri s’assit à côté de lui et stimula sa jument aux longues oreilles. La télègue partit sur la route gelée. Une neige fondue tombait.

II

La famille de Vassili Davidovitch Mojaïski se composait de sa femme, de la mère de celle-ci, et de trois enfants, deux fils et une fille. Le fils aîné avait terminé ses études au séminaire et se préparait à l’Université. Le cadet, le favori de la mère, Aliocha, qui était âgé de quinze ans, était dans une école ecclésiastique. La fille, Hélène, qui avait seize ans, restait à la maison ; elle secondait