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— Tout de suite, tout de suite.

Lotoukhine l’accompagna jusqu’au théâtre, et là, la remit à Basile qu’il rencontra.

« Non, ce n’est pas bien ; je rentrerai chez moi… Et pourquoi suis-je venu ici ? »

Malgré ce qu’on fit pour le retenir, il partit seul et rentra. À l’hôtel, dans sa chambre, il but deux verres d’eau de seltz et s’assit devant la table pour faire ses comptes. Le matin il était allé à ses affaires, pour trouver de l’argent. Son frère ne lui en ayant pas donné, il avait emprunté chez un usurier. Il était assis, faisant ses comptes, et, avec un sentiment désagréable, se rappelait Annette à qui il fallait renoncer. Il prit le portrait de Barbe : élégante, rouge, forte ; une vraie beauté russe. Après l’avoir admiré, il le plaça devant lui et continua son travail.

Tout à coup, il entendit dans le corridor la voix d’Annette et celle de Soustchoff.

— Gricha ! Que fais-tu ? Elle entra chez lui.

Le lendemain matin Lotoukhine alla prendre le thé chez Soustchoff. Celui-ci lui adressa des reproches.

— Tu comprends, cela pourrait l’attrister profondément.

— Comment donc, sois tranquille. Je suis muet comme une carpe.


7 mai. Gricha est de retour de Moscou. Toujours la même âme enfantine, claire. Je vois qu’il est