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non à midi, avec toute la Cour, mais avec le peuple, avec le portier, le palefrenier de la maison qui voulaient assister à la fête et partir de très bonne heure.

— Mais, père, je ne veux pas regarder le peuple ; je veux être avec lui… Je désire me rendre compte de ses sentiments envers le jeune tzar. Ne peut-on pas, au moins une fois…

— Eh bien, fais ce que tu voudras. Je connais ton obstination.

— Ne te fâche pas, mon cher papa. Je te promets d’être raisonnable, et Alec sera avec moi.

Quelque étrange et saugrenue que parut au père cette idée, il dut en passer par là.

— Sans doute, prends, répondit-il à sa question si elle pouvait prendre leur remise. — Tu iras en voiture jusqu’à Khodynka, et tu la renverras.

— Entendu. Alors tout va bien.

Elle s’approcha de son père. Par habitude il fit sur elle un signe de croix ; elle baisa sa longue main blanche, et ils se séparèrent.


Le même soir, dans le logement que louait Marie Iakovlevna à des ouvriers d’une fabrique de cigarettes, on causait également de la fête du lendemain. Émelian Iagodny était dans sa chambre avec des camarades qui s’étaient réunis chez lui, et ils convenaient de l’heure de sortir.

— Je crois qu’il vaut mieux ne pas se coucher, autrement on peut dormir trop tard, disait