Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.

inconnue, et le vieux serviteur de son père, Stepan, entra chez lui en annonçant :

— Nicolas Pétrovitch Serpoff !

— Qui est-ce, Nicolas Pétrovitch ?

— Comment ! Nicolas Pétrovitch, celui qui venait encore comme moine chez votre père.

— Je ne me rappelle pas. Que me veut-il ?

— Il désire vous voir. Il me semble qu’il a le cerveau fêlé.

Nicolas Pétrovitch entra dans la chambre. Il fit un large salut en frappant du pied.

— Voyageur Serpoff. — Il lui tendit la main. — Partout l’ignorance. Beau prêcher en Russie, aucune instruction… Russie stupide… Paysan laborieux… Russie stupide… N’est-ce pas Serge Vassilievitch ? J’ai connu votre père. Il me disait parfois : Celui-ci ira loin. Pourquoi êtes-vous costumé ainsi ? Moi j’aime à la Souvoroff. Pourquoi ?

— Je vais voyager.

— Moi aussi, je voyage. Je suis un voyageur. Je fus en Grèce, à Athos, mais je n’ai vu rien de meilleur et de plus juste que le paysan russe.

Nicolas Pétrovitch s’assit, demanda de l’eau-de-vie, puis se coucha. Serge Vassilievitch n’en revenait pas. Le lendemain, Nicolas Pétrovitch écoutait ; Serge Vassilievitch parlait. Son interlocuteur entendit toutes ses théories et apprit le but de son voyage. Il approuva tout et se proposa comme compagnon. Serge Vassilievitch accepta, un peu parce qu’il ne pouvait se débarrasser de lui, un peu parce que Nicolas Pétrovitch, malgré sa demi-