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bois commencèrent aussi à tirer. Ils tiraient en se rapprochant peu à peu de la tranchée, et se cachant d’un arbre à l’autre.

Quelques-uns réussirent la manœuvre, d’autres tombèrent sous les balles de Hadji Mourad et de ses hommes.

Hadji Mourad ne ratait pas un coup ; de même Gamzalo tirait rarement un coup sans résultat, et chaque fois qu’il croyait que sa balle avait porté, faisait entendre un grognement joyeux. Khan-Magom, assis au bord de la tranchée, chantait « Iliaka Ilala ! » et tirait sans se hâter ; mais il atteignait rarement son but. Quant à Eldar, tout son corps tremblait de son impatience à se jeter sur les ennemis le poignard à la main. Il tirait souvent, n’importe où, et, sans cesse, se retournant vers Hadji Mourad, se montrait au-dessus de la tranchée. Le velu Khanefi, les manches retroussées, même ici faisait office de serviteur. Il chargeait les armes que lui passaient Hadji Mourad et Khan-Magom, enfonçant soigneusement avec la baguette les balles entourées de capsules non huilées et mettant de la poudre sèche. Quant à Bata, il n’était pas comme les autres dans la tranchée ; il courait de la tranchée aux chevaux, les menant dans l’endroit le moins exposé, et, sans cesse, poussait des cris et tirait. Il fut blessé le premier. Une balle le frappa au cou, et il s’assit par terre en crachant le sang et proférant des injures. Puis ce fut le tour de Hadji Mourad : une balle lui déchira l’épaule. Il arracha de l’ouate de son