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laissé échapper le brigand ! s’écriait-il en écoutant le récit de Michkine.

L’alarme était donnée partout, et non seulement tous les cosaques qui étaient présents étaient envoyés à la poursuite des fugitifs, mais on envoya aussi tous les miliciens des aouls pacifiés qu’on put réunir. Mille roubles de récompense furent promis à celui qui ramènerait Hadji Mourad mort ou vif. Et deux heures après que Hadji Mourad et ses compagnons, tuant les cosaques, s’étaient enfuis, plus de deux cents cavaliers galopaient derrière l’officier de police pour retrouver et saisir les fuyards.

Après avoir fait quelques pas sur la grande route, Hadji Mourad arrêta son cheval blanc, devenu gris de sueur, qui respirait péniblement.

À droite de la route se voyaient des cabanes et le minaret de l’aoul Benerdjik. À gauche s’étendaient des champs à l’extrémité desquels s’apercevait la rivière. Le chemin de la montagne était à sa droite, mais Hadji Mourad tourna du côté opposé, à gauche, comptant que ceux qui le poursuivraient prendraient précisément à droite. Il projetait, après avoir traversé l’Alazane, de sortir sur la grande route, où personne ne l’attendrait, de suivre cette route jusqu’à la forêt, et alors, après avoir de nouveau traversé la rivière, d’aller dans la montagne. En ayant décidé ainsi, il tourna à gauche. Mais il se trouva qu’il était impossible d’arriver par là jusqu’à la rivière. Les champs de riz qu’il fallait traverser, comme cela