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Hadji Mourad avec lequel, si récemment, il passait ses soirées en conversation amicale.

— Comment cela ? Qui l’a tué ? demanda-t-il.

— Il a voulu s’enfuir. On l’a rattrapé, dit Kamenieff ; puis il remit la tête au cosaque et lui-même entra dans la maison avec Boutler. — Et il est mort en brave, ajouta-t-il.

— Mais comment tout cela est-il arrivé ?

— Attendez. Ivan Matvéievitch va venir et je raconterai tout en détail. On m’a envoyé exprès. Je parcours toutes les forteresses et les aouls et je montre la tête.

On avait envoyé chercher Ivan Matvéievitch. Tout ivre, accompagné de deux officiers ayant eux aussi beaucoup bu, il arriva à la maison et se jeta dans les bras de Kamenieff.

— Et moi, dit Kamenieff, je vous ai apporté la tête de Hadji Mourad.

— Tu mens ! On l’a tué ?

— Oui. Il avait voulu s’enfuir.

— Je l’avais toujours dit qu’il nous tromperait. Alors où est-elle, la tête ? montre-la.

On appela le cosaque, qui apporta le sac contenant la tête. On la retira du sac, et Ivan Matvéievitch, les yeux ivres, la regarda longuement.

— Et tout de même c’était un brave ! dit-il. — Donne, je l’embrasserai.

— Oui, c’est vrai ; c’était un brave, dit l’un des officiers.

Quand tous eurent examiné la tête, on la remit de nouveau au cosaque, qui la replaça dans le