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de paille, le crottin de cheval, tout apparaissait très distinctement. Non loin de la maison, Boutler rencontra Marie Dmitriévna, un fichu sur la tête et le cou. Depuis le refus qu’elle lui avait infligé, Boutler, honteux, évitait de se trouver seul avec elle. Mais ce soir, au clair de lune, et à cause du vin bu, Boutler se sentit joyeux de cette rencontre et fut repris du désir de lui conter fleurette.

— Où allez-vous ? demanda-t-il.

— Mais voir ce que fait mon vieux, répondit-elle amicalement à Boutler.

Elle avait repoussé très sincèrement et très catégoriquement les avances de Boutler, mais cependant elle était ennuyée de ce que, maintenant, il l’évitât…

— Mais pourquoi aller voir, il viendra.

— Viendra-t-il ?

— S’il ne vient pas on l’amènera.

— C’est ça, mais ce n’est pas bien… Alors, n’y pas aller ? fit Marie Dmitriévna.

— Non, n’y allez pas. Allons plutôt à la maison.

Marie Dmitriévna retourna sur ses pas, à côté de Boutler.

La lune éclairait si brillamment qu’une sorte d’auréole entourait les ombres sur la route. Boutler regardait cela et voulait dire à Marie Dmitriévna que, malgré tout, elle lui plaisait, mais il ne savait comment commencer. Quant à elle, elle attendait ce qu’il allait dire. Ainsi, en silence, ils étaient