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que son père) respiraient la bravoure, la jeunesse et la joie de vivre. Ses épaules larges, malgré sa jeunesse, ses hanches juvéniles, fortes, sa taille fine, longue, ses bras longs et forts, et la force et l’agilité de tous ses mouvements réjouissaient toujours Hadji Mourad, qui admirait son fils. — « Il vaut mieux que tu restes. Maintenant tu es seul à la maison ; veille sur ta mère et ta grand’mère », lui avait dit Hadji Mourad. Et il se rappelait l’expression de bravoure et d’orgueil qu’avait Ioussouf, rougissant de plaisir, quand il répondit que tant qu’il serait en vie personne ne ferait de mal à sa mère ni à sa grand’mère. Ioussouf avait cependant accompagné son père jusqu’à la rivière, puis il était retourné à la maison. Depuis, Hadji Mourad n’avait revu ni sa femme, ni sa mère, ni son fils. Et c’était ce fils auquel Schamyl voulait crever les yeux ! Quant à ce qu’on ferait de sa famille, il n’y voulait pas même penser.

Hadji Mourad s’était tellement ému à ces souvenirs qu’il ne pouvait plus tenir en place. Il se leva vivement, en boitant, s’approcha rapidement de la porte et, l’ouvrant, appela Eldar. Le soleil ne se montrait pas encore, mais il faisait déjà tout à fait clair. Les rossignols chantaient.

— Va dire à l’officier que je désire faire une promenade, et sellez les chevaux, dit-il.