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La chanson de Khanefi lui avait rappelé la chanson composée par sa mère : « Ton poignard aigu a déchiré ma poitrine blanche. Mais moi, j’ai approché de cette blessure mon soleil, mon petit garçon. Je l’ai lavé avec mon sang chaud, et la blessure s’est fermée sans herbes ni racines. Je n’ai pas eu peur de la mort, et mon fils, qui sera brave, lui non plus n’en aura pas peur. » Cette chanson, adressée au père de Hadji Mourad, sa mère l’avait composée après le coup de poignard qu’il lui avait donné parce qu’elle refusait d’abandonner son fils pour aller nourrir le fils du Khan. Et Hadji Mourad se rappelait sa mère, quand elle le couchait à côté d’elle, dans sa pelisse, sur le toit de la cabane, et lui chantait cette chanson. Il se rappelait la fontaine, au pied de la montagne, où, s’accrochant au pantalon de sa mère, il allait avec elle puiser de l’eau. Il se rappelait la première fois qu’elle lui avait rasé la tête, et comment alors il aperçut avec étonnement sa tête bleuâtre dans le plateau de cuivre brillant suspendu au mur. Il se revoyait tout petit, et il se rappelait son fils préféré, Ioussouf, auquel lui-même, pour la première fois, avait rasé la tête. Maintenant ce même Ioussouf était un jeune et beau cavalier. Il se le rappelait tel qu’il l’avait vu la dernière fois. C’était le jour qu’il était parti pour Tselmess. Son fils lui avait amené son cheval et lui avait demandé de l’accompagner. Il était habillé pour la route, armé, et tenait son cheval par la bride. Son visage rouge, jeune, beau, et toute sa personne haute, élégante (il était plus grand